Rencontre avec le vice-président de l’AS Gien Football depuis juillet dernier, Fares Bouaza
12 mars 2018 - 17:37
«Quand on était petit, on collectionnait les étiquettes des clubs de foot. On leur envoyait des courriers pour les recevoir. Un jour, j'ai fait la même chose pour les centres de formation. Auxerre m'a répondu et demandé de venir. Mon père travaillait, je n'ai trouvé personne pour m'emmener. Je ne veux pas que ça se reproduise, pour aucun gamin de Gien. »
Ce souvenir a sans doute beaucoup compté dans la décision de Fares Bouaza, il y a quelques mois, de tout faire pour sauver le club de son enfance, l'AS Gien Football.
En 2016-2017, c'est la débandade, le club n'en finit plus de descendre. Il n'attire plus les licenciés et se fait remarquer lors des matches pour la mauvaise conduite des joueurs…
Des études pour celui qui ne pensait pas en faire.« J'ai appelé Peguy et je lui ai dit que Gien était en quatrième division départementale. Là, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose. Nous, on a été comme ces petits qui jouent à l'AS Gien. S'il y a un seul talent, même une fois tous les 10 ans, il ne faut pas le rater », martèle Fares Bouaza. « Peguy a dit "OK, on y va, on monte un projet". »
Entre Peguy Luyindula, ancien international de football devenu en juillet dernier président de l'AS Gien Football, et Fares Bouaza, c'est plus qu'une histoire d'amitié : « C'est fusionnel. Depuis qu'on a 14 ans, il n'y a pas un jour où on ne se parle pas. Tous les jours, on se téléphone. »
Les deux gamins des Montoires se connaissent depuis qu'ils ont 6 ans. Peguy s'est orienté vers une carrière de joueur professionnel : Lyon, Marseille, le PSG, l'équipe de France… Fares, lui, a mis un peu plus de temps à trouver sa voie.
À l'adolescence, on l'oriente vers un BEP comptabilité, au lycée Palissy. La compta, ça n'est visiblement pas son truc et à 16 ans, il arrête le lycée. « Je travaillais un peu dans les usines du coin, je jouais au foot… À 18 ans, je suis dans le "groupe première", mais Josip Zatela me préfère quelqu'un d'autre, comme gardien de but. En 1997, je suis donc parti à Blois jouer en DH. On m'avait promis un emploi jeune que je n'ai jamais eu ; un an plus tard, j'étais de retour à Gien. »
Une amie lui conseille alors une formation qui semble lui correspondre : un bac pro commerce en alternance. Retour à Blois où Fares continue à jouer au foot et trouve, à Vendôme, une entreprise qui l'accueille. Les cours ont lieu à Orléans. Une révélation pour le jeune homme : « J'ai adoré : je jouais au foot, j'étais étudiant et je travaillais. »
« On représente notre ville » Cela lui convient si bien que celui qui ne pensait pas faire d'études poursuit avec un BTS. Tout s'enchaîne alors : après avoir joué à Châteaudun, il part pour Pau suivre une formation de responsable de magasin. Son stage de fin d'études, il le fera à Toulouse, chez le n° 1 mondial de la vente de chaussures de sport, où on l'embauche. Un mois après avoir signé son CDI, on lui propose un poste d'assistant manager à Nîmes, où il part s'installer avec Hélène, sa femme, rencontrée au collège Mermoz. « On m'a donné ma chance. Avant de travailler pour cette enseigne, j'en avais envoyé, des CV ! Malgré les diplômes, je n'ai jamais reçu de réponse. J'ai postulé pour être vendeur, on ne m'a jamais répondu. À Toulouse, on m'a dit :"C'est toi qu'il nous faut !"Passionné par son métier, Fares Bouaza deviendra finalement directeur de magasin à Bordeaux, avant de s'associer à son ami de toujours, Peguy Luyindula, dans une affaire de commerce d'outillage.
Régulièrement, comme ce week-end, Fares fait l'aller-retour Bordeaux-Gien pour s'occuper de son club et reprendre sa place dans les buts, pour aider l'équipe première.
La nouvelle direction de l'AS Gien Football a un objectif, cher à chacun : former les jeunes et « les amener le plus loin possible ». Les résultats sont déjà là : le club compte 250 licenciés et l'équipe première est en passe de monter : « Ce sont les mêmes joueurs que l'année dernière, mais les résultats sont bien différents. Au match de Sandillon, je n'ai pas entendu un mot plus haut que l'autre. Ils sont respectueux sur le terrain et en dehors. Sur notre maillot, on a le blason de Gien. On représente notre ville et il faut en donner une belle image. Parce que, à Gien, on est privilégié : dans ce club, il y en a de la qualité, et des stades aussi beaux, je n'en connais pas beaucoup. »
24 mai 1978
Naissance de Fares Bouaza à Gien, « un an et un jour » avant Peguy Luyindula, comme le souligne le vice-président de l'AS Gien Football.
1997
Fares Bouaza part jouer à Blois. Il évoluera ensuite notamment à Châteaudun et jouera dans chaque ville où il sera amené à déménager pour des raisons professionnelles.
2014
Il s'associe avec son ami Peguy, après avoir exercé les fonctions de directeur d'un magasin d'une enseigne spécialisée dans les chaussures de sport à Bordeaux.
Pascale Auditeau
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